DM d'orthographe, "La lettre de Lili"
Activité d'orthographe , « La lettre de Lili. » extraite du Château de ma mère de Marcel Pagnol
Dans son roman, Pagnol écrit une lettre fictive, celle de Lili, une jeune fille qui n'a pas reçu d'éducation et dont le langage est empreint de dialecte provençal.
Parmi ses erreurs, relève et corrige :
-
trois erreurs de ponctuation
-
cinq erreurs d'accord dans un groupe nominal ( nom, déterminant, adjectif)
-
cinq erreurs d'accord du participe passé
-
cinq oublis de négation
-
deux confusions entre les homophones « -é »et « -er »
-
dix erreurs de vocabulaire ( mot mal orthographié)
-
dix erreurs de conjugaison
« Je n’arrivai pas à ouvrir l’enveloppe, dont je déchirai tour à tour les quatre coins : mon père la prit, et de la pointe d’un couteau, en découpa le bord avec une habileté de chirurgien.
Il en tomba d’abord une feuille de sauge, et une violette séchée.
Sur trois feuilles d’un cahier d’écolier, avec une grosse écriture, dont les lignes ondulantes contournaient des taches d’encre, Lili me parlait,
Ô collègue !
je met la main à la Plume pour te dire que les grive sont pas venu cet année, rien mé rien, même les darenagaz sont parti, comme Toi. jen n’ai pas prit deux, les perdrots non plus. j’y vais plus cé pas la pène. il veau bien mieux Travaillé à l’Ecole pour apprendre l’Ortograffe autrement quoi ? c’est pas posible, même les saludes il n’y en a guaire. elles sont peutites, les soiseaux en veut pas. Cet Malheureut, tu en as de la Chanse de pas être ici cet un Dézastre. je me langui que tu vien. alors, les Soiseaus tant bien, et les perdrots, et les Grive pour noèl. En plus, il m’ont volé douze Pièje et au moins Sinquante Grive. Je sé quicé. les plus beau Pièje. cé celui d’Allo, le Boiteut. Rapèle toi que je m’en rapèlerai. et en plus il fet froid, avec mistralle. tous les jours à la chasse j’ai les Pieds glassés. heuseusement j’ai le Cachené. mais je me languis de toi, batistin est contant : il prend trente grive par jour. à la Glue. avantiers, dix orthollan, et Samedi douze saire gavotte. à la Glue. avantiers je suis été sous tête Touge, j’ai voulu écouter la Pierre, sa m’a glassé l’oreille. èle veut plus chanté éle fét que Pleuré. voilà les nouvèle. salut la Compagnie. je t’envois une feuille de soge pour toi et une violète pour ta mère. ton ami pour la vie lili. (...)
Il ne fut pas facile de déchiffrer cette écriture que l’orthographe n’éclairait guère. Mais mon père, grand spécialiste, y parvint, après quelques tâtonnements. Il dit ensuite :
" Il est heureux qu’il lui reste trois ans pour préparer le certificat d’études ! "
Puis il ajouta en regardant ma mère :
" Cet enfant a du cœur, et une vraie délicatesse. " »
Marcel Pagnol,Le château de ma mère
Quelques explications… nécessaires à la compréhension
-
darnagas : nom régional de la pie grièche, oiseau que l’on chasse
-
aludes : fourmis volantes attrapées par les braconniers puis collées sur les pièges afin d’attirer les oiseaux
-
perdreaux, grives, ortolans, sayres = oiseaux convoités par les chasseurs
-
gavotte = adjectif signifiant « de la montagne » en provençal
-
Allauch = village voisin des Bellons, où habite Lili
-
Baptistin = frère de Lili
-
Tête Rouge = nom d’une montagne où se trouve la Chantepierre (pierre creuse ayant la particularité de faire des bruits différents selon la nature et la force du vent qui souffle (mistral, vent du midi…). Marcel et Lili aimaient y coller leurs oreilles pour l’entendre « chanter ».
-
escagassé = détruit, cassé (vocabulaire régional)